Venette de gambettes

Eh, beau garçon !

Après les arrondies, bis repetita ! On se présente: nous, on est ses gambettes, qui soutenons son tout, en plus de son arrière.

Bon alors, z’ont raison les lobes, qu’est-ce que tu fiches ??? Faut qu’on te fasse des ronds pour être comprises enfin ???

En parallèle, on n’en peut plus !

Évidemment, on est vaillantes: deux ans qu’elle nous entraîne à éloigner ses peurs. Quarante minutes par jour, quelque soit votre avenir, elle conjugue ce présent: petits sauts, battements, développés, pas cadencés, supports d’abdominaux, prolongements de fessiers, planche -presque pont- de Madison, flexions renversées, ciseaux, écarts les plus grands, plus aucun n’a de secret pour nous.

Pourtant, nous partions de très loin. Si les creux poplités étaient deux d’origine et les proportions joliment gardées, des grammes de soucis avaient dénaturé. Forcément, toi, tu ne nous as pas vues, emmitouflées d’exil . Non, tu nous as quittées y’a quinze ans -nous portions son deuxième- et tu réapparais comme une fleur, tout magnifié de mystère, sous prétexte de présenter tes vœux (en plus, 2020, t’aurais pu t’abstenir), quand elle va aborder son men in pause frileux!

Donc, nous étions enveloppées de tailles supplémentaires lorsque ton regard vif nous a changé la donne. Nous danser chaque jour, nous adoucir via Elodie (à qui elle racontait -toutes les deux complices- ses combines à trois sous, dénichées pour te plaire), nous bronzer à basses températures, nues sur son transat rouge, frissonnant tant et plus, loin des fameuses bouffées, à jamais envolées, nous vêtir bas sans haut, nous crémer de parfums (là, on affabule, seule la senteur du miel, c’est l’olfactif vers toi), nous frotter sans relâche des grains fins et sablés, fortuits du temps qui passe, en joue, notre dessein !

Tiens ! Avant-hier, elle nous entraîne à la piscine, avec sa petite sœur. Là, sérieux, on ne rigole plus, on s’rait vite émouvantes. Tu nous aurais vues, au milieu d’une trentaine de paires assez rarement galbées, nous élançant à corps presque perdu (!!!) sur l’iconique Magnolia (oui, oui, de Claude François), éclaboussant à qui mieux mieux nos compagnes d’infortune, brassant des eaux à défaut d’air, bien matées par le coach (jeune mais ça console pas) ! Sa cadette conversait avec une cop. centenaire (ou presque): « Alors ma Nénette, comment ça va tes amours ? » . Elle ? Attentive à ces corps travaillés (désormais caressés juste par ces eaux vagues, ou des rayons violets, corollaires et factices), infiniment triste de ne rien te savoir , nous frétillait sans joie.

T’inquiète, après vos heures solstice, t’avais le droit de te dérober, on marche toujours droit. Mais bon, vraiment, avant qu’elle nous refourgue un vieux jogging miteux, et qu’on ne dise adieu à être de sirène (Andersen !!! Faudrait que tu suives un peu), ou qu’un filtre chagrin nous transforme en guiboles, on te supplie -même- on t’implore !!! Donne-lui de tes nouvelles!

Venette, subst. fém.Pop., vieilli. Peur, inquiétude, alarme. Vivre dans la venette. Cette fumée blanche, que tu vois là-bas par-dessus la haie, ce sont des feux de peloton, mon petit! Ainsi, prépare-toi à avoir une fameuse venette, quand tu vas entendre siffler les balles (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 36).

Pour l’agenda ironique de février, proposé par Joséphine Lanesem https://josephinelanesem.com/2022/02/01/le-diable-au-corps/

9 commentaires sur « Venette de gambettes »

  1. Vous êtes sympa Joséphine, parce que, si elle est enlevée, elle n’en est pas légère pour autant, cette participation engoncée dans son élan. Des fois, je me vois sirène mais j’dois virer manchote 😄!
    Et merci pour la sororité !

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  2. C’est chouette de vous lire ici Max-Louis, cela remonte le moral des gambettes sans nouvelles* ! Merci beaucoup !
    * contrairement à mes parents qui en ont de leur ami lituanien, dont la mère fut jetée hors de Saint-Petersbourg à l’âge de quatre ans (il a la quarantaine) avec sa grand-mère, dans un wagon à bestiaux, exilées de force pour apporter du sang russe sur les terres lituaniennes pendant que son grand-père -pas assez stalinien- partait pour le goulag… Il abhorre ces russes-là et dit qu’ils n’ont toujours eu qu’une idée en tête, avaler les autres.

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    1. Merci Tiniak ! J’ai savouré chiper vos bleu (victoire de Sarah Poniatowski) et cuir pour écrire son corollaire dans les commentaires de « la parole au corps » chez Joséphine.
      Oui, tout est surréaliste ici et pourtant, tout est vrai !

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