La courgette et le haricot

Il était un mardi une petite courgette amoureuse d’un beau haricot vert. Oui mais voilà, son monde n’était pas le sien et il fallait vraiment avoir la tête dans les nuages pour ne pas s’en apercevoir.

Dans la famille des cucurbitacées, il préférerait bientôt une jeune citrouille, plus de son genre, homologuée. Cette dernière était bien de sa caste, celle des légumes littéraires, propres à nos contes de fée. On pourrait conclure, lapidaires: « Il était si magique, elle devint un cas rosse et ils eurent ensemble plein de petites histoires. »

Pendant ce temps, me direz-vous, qu’attendait la courgette pour tourner les talons ? De prendre le bouillon ? De boire jusqu’à la lie cet amour interdit ? Pfff, pas finaude la miss, pourtant pas née du dernier jardin ! Dès la genèse, elle avait compris, lorsqu’elle était tombée en pamoison devant son frère le cornichon. Sa vie sentimentale ne serait pas de la tarte: lorsqu’on n’a ni l’allure d’une asperge ni le cerveau d’un citron, mieux vaut s’énamourer sans tapage et trompette …

Seulement voilà (encore), rien n’y fit. Après un chouette concombre et un panais robuste, un poireau énergique, un radis plus que noir qu’elle transforma, penaude, en dindons de la farce, les fils doux du phaseolus l’attrapèrent au lasso.

Exit les bonnes résolutions d’une saint Valentin, c’est une fleur de courgette devenue blondinette qu’elle lui offrit soudain sans qu’il ne prenne sa main.

Bluette du jour pour l’a.i de Carnets Paresseux, toute ressemblance avec des légumes existants ou ayant existé ne saurait être fortuite.